| Maëlle TIMMERMANS Madame, Monsieur, Je compatis à votre douleur et vous présente mes plus sincères condoléances.
Quand on perd ses parents, on s'appelle orphelin Quand on perd son épouse, alors on s'appelle veuf Quand on perd sa jeunesse, bien entendu, c'est vieux que l'on devient Mais quand on perd son gamin, y a pas de mot
Il n'y a pas de nom pour décrire le père Celui qui borde son garçon au cimetière Jamais un seul poète, un seul pasteur, jamais un seul auteur N'a eu assez de lettres pour tant de douleur
Quand on perd la raison, bien sûr on s'appelle fou Et puis on s'appelle pauvre à perdre trop de sous
Quand on perd la mémoire, tout de suite on est qualifié d'amnésique Mais y a des choses qu'aucun mot n'explique
On aura beau fouiller les plus vieux dictionnaires Posséder le plus vaste des vocabulaires Décortiquer Baudelaire, jusque sous terre, Jusqu'à son dernier vers
Il n'y a pas de mot, pas de manière D'appeler le parent d'un enfant qui n'est plus Il n'y a pas de mot pour ça qui soit connu
Quand on perd ses parents, on s'appelle orphelin Quand on perd son mari, alors on s'appelle veuve Quand on perd son petit, c'est évident, il n'y a pas de mot Pourtant y en a des mots qui nous émeuvent Mais là, y en a aucun, y a vraiment rien à dire On ne sait même plus trop si on a le droit de vivre Mais bon on vit quand même, on vit tout simplement pour ne pas crever On rit pour n'pas pleurer des flots sans rive
Oui, on vit parce que lui, il ne pourra plus le faire On vit parce qu'on se dit que sans doute, il en serait fier
Quand on sauve un enfant, on s'appelle héros Mais quand on en perd un, y a pas de mot Pas de mot
Lynda LEMAY
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